Recruter par les réseaux sociaux : une pratique à double tranchant

Qui dit jeune génération dit digital native. Les réseaux sociaux sont donc considérés comme la voie royale pour rencontrer la génération Z. Cependant, après avoir interviewé près de 600 jeunes, nous constatons que ce contact est plus complexe qu'il n'y paraît.

Selon une étude Diplomeo/BDM, Instagram, Snapchat et Tik Tok représentent les réseaux favoris des 16-25 ans. Ces réseaux sont principalement associés à la sphère personnelle, pour se divertir ou rechercher une information. Toujours selon cette étude, 26 % des 16-25 ans disent utiliser les réseaux sociaux dans le cadre de leur travail ou pour postuler ) des offres d'emploi. Ces canaux de communication semblent donc être une opportunité pour permettre aux employeurs et candidats de se rencontrer. Néanmoins, quelques nuances sont à considérer. Lorsque nous avons questionné 600 jeunes de 18 à 29 ans sur leurs premières recherches d’emploi, seuls 8 % d’entre eux ont indiqué utiliser Tik Tok ou Instagram pour rechercher un emploi. Les principaux canaux de recherches étaient le site carrière, LinkedIn, Indeed et le réseau personnel (amis et famille). Spontanément, pour la majorité d’entre eux, aller sur leurs réseaux favoris dans le cadre d’une recherche d’emploi ne semble donc pas être un réflexe.

Néanmoins, avoir une présence sur les réseaux sociaux, c’est offrir la possibilité à de jeunes candidats potentiels de vous solliciter et d’accéder à vos offres d’emploi, et cela est apprécié. Cette démarche, axée autour d’une stratégie marque employeur forte et authentique, peut favoriser des projections à vos côtés qui n’étaient pas initialement envisagées. Vous suscitez ainsi l’intérêt ou la curiosité de votre cible et l’envie de venir à votre rencontre.

Ne pas interférer avec la sphère personnelle

À l’inverse, pousser un contenu vers cette cible via une stratégie offensive peut être risqué. Même si vos offres d’emploi sont adressées à cette cible, avoir une démarche non sollicitée auprès des jeunes générations n’est pas toujours optimale et ce, pour deux raisons. Tout d’abord, par cette stratégie vous faites irruption dans leur sphère personnelle à un moment qu’ils n’ont pas forcément choisi. C’est comme si, après une longue journée de travail, alors que vous êtes en train de vous détendre devant votre série favorite, un employeur venait sonner à votre porte pour vous proposer un nouvel emploi. Bien que cette offre puisse être intéressante, l’effet de contexte peut conduire une représentation négative de cette proposition. Néanmoins, ce risque sera amoindri si l’employeur vous propose l’emploi de vos rêves et que vous êtes effectivement intéressé pour en changer. Il ne faut par ailleurs pas se tromper de cible et avoir des codes de communication en cohérence avec ceux de vos potentiels candidats. Si vous souhaitez adopter une stratégie plus offensive, ces deux prérequis sont donc indispensables.

Les réseaux sociaux sont avant tout de multiples communautés qui viennent se rencontrer ou non en fonction de leurs caractéristiques. Ce fonctionnement identitaire vaut aussi pour les entreprises. Elles se doivent de communiquer sur qui elles sont avec authenticité, mais elles se doivent également de partager les codes de communication du réseau et de sa cible : contenu impactant, humoristique, inspirant ou coulisses de l’entreprise par exemple, le tout contextualisé. Sans cela, le risque de rejet est fort, d’autant plus lorsque ce contenu n’a pas été sollicité.

Source : Marlène Legay, fondatrice de Vague de sens